De nos jours, les musiciens professionnels comme les musiciens amateurs entament leur session de jeu en accordant leur instrument à partir du La (ou plus précisément du La3 à 440 Hertz). Inscrite entre la deuxième et la troisième ligne de la portée sur une partition, cette note correspond à la corde à vide du violon et de l’alto. Une note repère, utilisée comme référence depuis plusieurs siècles, même si elle n’a longtemps jamais été réellement la même…
Jusqu’au XIXe siècle, une fréquence variable
La notion de « fréquence » ne fait son apparition qu’au XVIIIe siècle et celle de « Hertz » qu’en 1930 (avant, on parlait de cycles par seconde). Autrement dit, avant ces périodes, les musiciens ne pouvaient s’appuyer sur aucun diapason commun : il n’existait pas de note fixe de référence !
Sur quelle base les instruments s’accordaient-ils ?
Au sein des orchestres, les instruments se réglaient par rapport aux instruments à vent (flûtes, trompettes…) dont la hauteur ne change pas, contrairement à la plupart des instruments dont le son peut être altéré par la température et l’humidité ambiante.
Mais cette « référence » était aussi susceptible de varier en fonction des habitudes de chaque pays et compliquait la tâche des orchestres internationaux… Sans compter que ce diapason pouvait également évoluer en fonction du lieu de la représentation : par exemple, on distinguait le « ton de chapelle » plutôt bas pour permettre le chant et le « ton de chambre » traditionnellement plus haut.
Pourquoi fallait-il que cet usage évolue ?
Avec la révolution industrielle qui facilite la fabrication en série d’instruments et les exports entre les pays, l’absence de référence est devenue trop problématique. À l’époque, Verdi et Berlioz ont donc rejoint la contestation des chanteurs et des compositeurs, afin de pousser à la normalisation du LA.
Pour l’anecdote, aurait écrit qu’il était persuadé que « l’élévation progressive du diapason est une cause de ruine pour les plus belles voix » : il faut dire que le La courait entre 330 et 560 Hertz entre le XVIe et le XIXe siècle.
En 1939, la France a établi sa note de référence à 435 Hz, mais si cette initiative a inspiré les autres pays, elle est restée propre au territoire français…
La normalisation mondiale du La arrive en 1953 !
En 1953, lors de la conférence internationale de Londres, le La3 à 440 Hertz devient la référence pour l’ensemble des orchestres du monde.
Pourquoi est-elle fixée à 440 ?
Il n’existe pas de réponse claire à ce sujet. Certains avancent qu’il s’agit d’une moyenne européenne des usages jusqu’alors pratiqués. D’autres pensent que l’export des instruments fabriqués en Europe vers les États-Unis explique ce choix - la fréquence élevée étant influencée par le jazz.
Quelles sont les exceptions à cette norme ?
En musique ancienne, comme les orchestres souhaitent respecter les anciennes conditions de jeu, les musiciens utilisent une fréquence différente. Par exemple, elle est de 466 Hz pour une musique de l’époque de la Renaissance, de 392 Hz pour du baroque français, 415 Hz pour du baroque allemand, etc.
Mais si le La3 est désormais la norme, le musicien reste libre de jouer à la fréquence qu’il le désire : n’hésitez à en parler avec votre professeur de musique pour tester « différents La3 » et mieux appréhender les enjeux de votre choix final.
Enfin, si vous décidez de respecter la fréquence officielle et si vous n’avez pas de diapason à portée de main, sachez que la tonalité d’attente d’un téléphone fixe est généralement fixée à la hauteur de 440 Hz.